Nous les Juifs, les canards arabes et les « antisionistes » belges

En tant que Juifs, nous ne pouvons qu’être fiers de l’attention que les institutions politiques et les média internationaux nous prêtent. Dans le monde entier, on se soucie de nous, on parle de nous, on se bat pour ou contre nous. Nous sommes l’obsession du monde. Non seulement nos artistes, scientifiques et intellectuels sont systématiquement sur le devant de la scène, mais il en va de même de notre unique État bien-aimé : Israël. Aucun autre État que le nôtre ne fait les titres de la presse internationale pour une histoire de rupture de canalisation ! Acceptons-le et soyons reconnaissants. Cela m’est arrivé une fois dans ma rue à Bruxelles : j’ai été privé d’eau pendant des heures, mais pas un seul journal local ne s’est donné la peine de le mentionner. Heureusement, quand cela arrive en Israël tout le monde s’en soucie. Voilà ce qui fait qu’Israël est unique. Non seulement les Juifs palestiniens, mais aussi les Arabes palestiniens bénéficient d’une couverture médiatique extraordinaire, sur le territoire incontesté d’Israël bien-sûr, mais aussi sur les terres juives historiques de Judée et de Samarie, où nos amis arabes palestiniens veulent maintenant établir leur propre Autorité pour les 3000 prochaines années. Et nous les Juifs allons les aider parce que nous voyons, comme tout un chacun, à quel point le reste du monde arabe est devenu perverti et dangereux : la douleur, la destruction et la mort sont partout, que ce soit au nom de la religion ou au nom d’un nationalisme autoritaire.

L’éclatement de la canalisation de l’ « apartheid de l’eau »

Mais ne nous égarons pas. Voici l’histoire qui a fait les manchettes. Le mardi 14 juin 2016, une conduite qui alimentait en eau les villages arabes de Marda, Biddya, Jamma’in et Salfit ainsi que le village juif de Tapuach en Samarie (voir la carte) se rompit, laissant environ 26.000 personnes sans accès à l’eau potable pendant la journée. La société israélienne des eaux Mekorot localisa rapidement le tuyau percé et le répara le jour-même. Une vidéo montrant la rupture de canalisation et une communication au sujet de sa réparation furent publiées le lendemain sur le compte Twitter de COGAT, l’agence israélienne en charge des activités civiles et humanitaires en Judée et Samarie. Diriez-vous que ce sont des nouvelles pour la presse internationale ? Oui, puisque ça nous concerne … et cela s’appelle même l’ « apartheid de l’eau » !

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Carte des villages concernés par la rupture de canalisation. (Données cartographiques: Google, Mapa GIsrael, ORION-ME)

Le mercredi 15 juin, Al Jazeera décidait de publier cette histoire, suivie par The Independent, The International Business Times, Radio New-Zealand, The Times of London … et dans mon pays par la RTBF, le média officiel de la Belgique francophone. Voici quelques extraits :

  • « Israël a coupé l’approvisionnement en eau à de grandes zones de la Cisjordanie, ont affirmé les autorités palestiniennes. Des dizaines de milliers de Palestiniens auraient été privés d’eau potable durant le mois de Ramadan, une période de jeûne, à un moment où les températures peuvent dépasser 35 °C. » (The Independent – le 15 juin 2016)
  • « Israël aurait coupé l’approvisionnement en eau de la Cisjordanie pendant le Ramadan, dans une action souvent qualifiée d’ « apartheid de l’eau » par les critiques d’Israël. La Compagnie nationale israélienne des eaux, Mekorot, a fermé les vannes des lignes menant à des zones de la Cisjordanie, selon des rapports parus ce mercredi 15 juin. La mesure d’Israël est susceptible de laisser des dizaines de milliers de Palestiniens vivant dans cette région explosive sans eau propre à la consommation. Israël rationne l’eau disponible pour les Palestiniens vivant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis l’occupation israélienne de ces régions, qui a commencé en 1967. » (The International Business Times – le 15 juin 2016)
  • « L’Autorité palestinienne a accusé la compagnie nationale israélienne des eaux, Mekorot, d’avoir coupé l’approvisionnement en eau d’importantes parties de la Cisjordanie occupée. Selon plusieurs responsables palestiniens, contactés par la chaîne qatarie Al Jazeera, cette décision a privé des dizaines de milliers de Palestiniens d’accès à l’eau potable, en plein mois du Ramadan. Les localités de Salfit, Naplouse ou encore la ville de Jénine et ses 40.000 habitants ont été touchés (sic) par cette décision. » (RTBF – le 15 juin 2016)

J’imagine que la crainte de ne pas faire la Une de l’actualité internationale a incité nos frères arabes à exagérer si outrageusement l’histoire de la « rupture de canalisation ». Il est vrai que la semaine était déjà fort chargée en actualités tragiques. Ils manquent cruellement de confiance en eux : tant que l’histoire parle de nous les Juifs l’exagération n’est point nécessaire au succès médiatique. Ce qui me tracasse vraiment dans cette histoire, c’est que la presse internationale prend pour argent comptant les informations publiées par Al Jazeera, qui les a elle-même reçues de responsables palestiniens anonymes. Ce n’est pas la première fois qu’Al Jazeera publie de fausses informations provenant de sources arabes palestiniennes. Cela s’est déjà produit.

Pourtant, à aucun moment, un journaliste ne prit la peine de vérifier les informations sur le terrain ou de contacter les responsables israéliens pour entendre leur version de l’histoire. En fait, Al Jazeera ne s’enquit qu’auprès d’Ayman Rabi, cadre dirigeant du Palestinian Hydrology Group, une ONG s’occupant de la gestion et de l’épuration des eaux qui, à en croire son site web, n’a pas produit un seul rapport depuis 2009 et ne paraît pas très active. Ayman Rabi corrobora les allégations contre Israël et déclara à Al Jazeera que « certaines régions n’avaient reçu aucune eau pendant plus de 40 jours. Les gens se voient obligés d’acheter de l’eau arrivant en camion ou de s’approvisionner par des méthodes alternatives telles que des sources [naturelles] et d’autres points de remplissage dans leur voisinage. » Al Jazeera contacta aussi les autorités dans la ville de Jénine, lesquelles déclarèrent que « l’approvisionnement en eau avait été réduit de moitié. » Fin de l’enquête. Nous les Juifs sommes à n’en pas douter des gens malfaisants.

Lorsque les sites pro-israéliens ukmediawatch.org et honestreporting.com découvrirent cette nouvelle calomnie au sujet d’un « apartheid de l’eau » dans les média internationaux, ils contactèrent immédiatement la compagnie israélienne Mekorot pour entendre sa version des faits : toute l’histoire se résumait à une rupture de canalisation accidentelle dans un contexte de limitation des débits d’eau due à la sécheresse estivale, appliquée pareillement aux populations arabes et juives. Ils prirent contact avec Al Jazeera, The Independent et The International Business Times et leur communiquèrent les coordonnées des autorités israéliennes qui pourraient leur fournir de plus amples explications. Al Jazeera eut la décence de prendre contact avec les autorités israéliennes et de modifier son article afin de rétablir un minimum d’équilibre dans son compte-rendu. La nouvelle version de l’article d’Al Jazeera actuellement en ligne (16 juin) a pour titre : « Israël nie avoir coupé l’approvisionnement en eau à la Cisjordanie. »

The Independent a également édité son article, mais seulement pour y ajouter le commentaire obscure suivant : « Un porte-parole du gouvernement israélien a déclaré à The Independent qu’il n’y a « aucune vérité » dans les allégations et que les pénuries était dues à de conduites d’eau défectueuses. Ils ont dit (sic) : « Plusieurs heures plus tôt, des équipes de l’administration civile de COGAT ont réparé une ligne de canalisations dont la rupture a perturbé l’approvisionnement en eau des villages de Marda, Biddya, Jamma’in, Salfit et Tapuach. Le débit d’eau a été régulé et est actuellement opérationnel. Tout insinuation visant à relier ces perturbations aux actes de terrorisme serait erronée et trompeuse. À cause du manque du développement des infrastructures résultant du refus par les Palestiniens de réunir la Commission de gestion conjointe des eaux (JWC), des problèmes d’approvisionnement en eau apparaissent. » »

The International Business Times n’a même pas pris la peine d’éditer l’histoire de l’ « apartheid de l’eau ».

Les problèmes réels et la calomnie

Je présume que nous pouvons facilement tomber d’accord pour dire que l’affaire de la rupture de canalisation qui interrompit l’approvisionnement en eau dans les villages de Marda, Biddya, Jamma’in, Salfit et Tapuach pendant quelques heures le 14 Juin 2016 et enflammé l’indignation des média est élucidée : pas de trace du moindre « apartheid de l’eau », juste un incident. Est-ce que cela signifie qu’il n’y aurait jamais de pénurie d’eau ou de rupture d’approvisionnement en Samarie ? Est-ce que cela signifie que les différends entre Israël et l’Autorité palestinienne n’ont aucune conséquence sur le terrain ? Bien-sûr que non ! Par conséquent, il ne faudrait pas rejeter de manière simpliste les autres accusations portées à l’encontre de la gestion israélienne de l’eau en Samarie au motif que l’histoire de l’ « apartheid de l’eau » du 15 juin est un canard évident. Voici quelques unes des affirmations lues dans la presse :

  • Affirmation 1 : D’autres régions de Samarie ont connu une pénurie d’eau, en particulier Naplouse et Jénine (RTBF – le 15 juin 2016).
  • Affirmation 2 : Certaines zones ont été privées d’eau pendant plus de 40 jours (Ayman Rabi sur Al Jazeera – le 16 juin 2016).
  • Affirmation 3 : La pénurie d’eau est organisée pour humilier les musulmans pendant le mois de Ramadan (tous les média).
  • Affirmation 4 : « Israël a limité l’eau disponible pour les Palestiniens vivant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis l’occupation israélienne de ces territoires commencée en 1967 » (The International Business Times – le 15 juin 2016) ; « Depuis 1967, Israël a limité l’eau disponible pour les Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, depuis que ses forces ont occupé les territoires » (Al Jazeera – le 15 juin 2016) ; « Depuis 1967, Israël a limité l’accès à l’eau des Palestiniens de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza. D’après un rapport d’Amnesty, 200.000 Palestiniens de Cisjordanie n’ont pas accès à l’eau courante et doivent obtenir une permission pour pouvoir collecter de l’eau eux-mêmes » (RTBF – le 15 juin 2016).
  • Affirmation 5 : « Courant février [ndlr: 2012 !], la publication d’un rapport de l’Assemblée nationale française dénonçant « Un nouvel apartheid de l’eau » dans les territoires palestiniens occupés avait fâché les autorités israéliennes. Le député français Jean Glavany avait alors souligné auprès du journal Le Monde que « les 450.000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d’eau que 2,3 millions de Palestiniens. » Pour rappel, les colons sont implantés dans des territoires palestiniens, en contradiction avec le droit international » (RTBF – le 15 juin 2016).

La gestion et le partage de l’eau entre Israël, Gaza, la Judée et la Samarie est un sujet complexe que je résumerai et expliquerai dans un article distinct et plus spécialisé. Pour le moment, je renvoie le lecteur à la documentation de honestreporting.com.

J’encourage en particulier tout journaliste qui écrit sur le conflit arabo-israélien à prendre un peu de temps pour lire cette ressource bien documentée.

Israël n’organise pas de pénurie d’eau, bien au contraire

Considérons d’abord l’affirmation 4. En 1967, seulement 10 % des foyers en Judée-Samarie étaient connectés à un réseau d’eau courante. Ce pourcentage est depuis monté à 95 %. Cela signifie que 200.000 Arabes palestiniens (ce sont les 5 % restant de la population) doivent encore être raccordés au réseau aquifère public. Entendez-vous, Amnesty et RTBF ? Voici à quel point nous les Juifs sommes maléfiques. De plus, la gestion des ressources disponibles et les façons d’extraire et distribuer l’eau douce entre les Arabes et les Juifs furent décidées conjointement par Israël et l’Autorité palestinienne dans une série d’accords juridiquement contraignants : les accords d’Oslo de 1993, l’accord du Caire de 1994 et l’Accord sur l’eau de Oslo 2 de 1995. Bien que conçus pour être des accords temporaires (donc perfectibles), ils reconnaissent les « droits à l’eau » des Arabes palestiniens et définissent des moyens qualitatifs et quantitatifs pour les honorer.

En conséquence, la consommation d’eau douce moyenne d’un Arabe vivant en Judée-Samarie est passée de 85,7 m³ par habitant par an en 1967 à 100 m³ par habitant par an en 2006, alors que la consommation d’eau douce moyenne d’un Israélien a été réduite de 508 m³ par habitant par an à 170 m³ par habitant par an sur la même période. Selon le Bureau central palestinien de statistiques, la consommation moyenne d’eau en Judée-Samarie (« West Bank ») en 2015 était de 18,3 m³ par ménage par mois (voir le tableau ci-dessous), soit 219,6 m³ par ménage par an, dont plus de 90 % provient du réseau d’eau public. Bien que ces valeurs moyennes n’empêchent pas des pénuries d’eau de se produire de temps à autre, dans un endroit ou dans un autre, en raison de circonstances particulières, clairement l’insinuation derrière l’affirmation 4 est infondée et de la diffamation pure.

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Par région, quantité d’eau consommée dans le Secteur des ménages (en milliers de mètres cubes) et par ménage par mois (en mètre cube), 2015. (Source: Bureau central palestinien des statistiques)

Le rapport Glavany et l’ « apartheid de l’eau »

Mais qu’en est-il de l’affirmation 5 alors ? D’où cela provient-il ? Permettez-moi tout d’abord souligner que Jean Glavany est un député socialiste français qui soutient le mouvement antisémite BDS et propage l’accusation d’ « apartheid » contre Israël à toute occasion. Il est une personne particulièrement controversée et partiale sur le sujet du conflit arabo-israélien. Un de ses plus grands « coups politiques » fut l’introduction de l’allégation d’ « apartheid de l’eau » et autres délicatesses à l’encontre d’Israël dans un rapport officiel français sur la Géopolitique de l’eau dans le monde présenté à l’Assemblée nationale française en 2012. Voici ce que l’ancien porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Yigal Palmor expliquait à Haaretz au sujet du rapport Glavany en 2012 :

Glavany avait inséré de sa propre initiative des termes extrêmes dans le rapport, à la dernière minute et sans consulter les autres membres du groupe de travail chargé du rapport. Ces remarques inacceptables surprirent ses collègues du groupe de travail, qui furent choqués de les trouver dans la version finale du rapport après sa publication, une fois que des diplomates israéliens eurent attiré leur attention à ce sujet. Le rapport était imprégné d’un langage de propagande vicieux, très éloigné d’une critique experte à laquelle on pourrait opposer intelligemment par des arguments. En outre, l’auteur du rapport a omis de nombreux faits et a agi d’une manière ostensiblement tendancieuse. Après que le personnel de l’ambassade eut souligné l’exceptionnelle gravité de la formulation … tous les membres du groupe de travail se dissocièrent [du rapport], y compris son président qui envoya une lettre officielle à l’Ambassadeur renonçant à la responsabilité des expressions anti-israéliennes présentes dans le rapport.

Mais malgré tout, ceci est la source « fiable » d’information que le média officiel belge RTBF décida de citer dans son article du 15 juin 2016 (référence encore présente après la révision du 18 juin) … pour mettre en contexte le canard de la canalisation percée. Mais considérons les faits eux-mêmes. En 2012, environ 2.500.000 Arabes palestiniens et environ 450.000 Juifs palestiniens vivaient en Judée-Samarie. Considérant la consommation d’eau douce de 2006 (170 m³ par habitant et par an pour un Israélien moyen et 100 m³ par habitant et par an pour un Arabe palestinien moyen), il n’est pas possible que les Juifs palestiniens puissent consommer plus d’eau que les Arabes palestiniens, même si l’on fait l’hypothèse irréaliste que les Juifs seraient « magiciens de l’eau » capables de recycler 100 % de l’eau douce disponible (c’est-à-dire utiliser la même eau 2 fois) et les Arabes 0 %. Faites le calcul s’il vous plaît. Et même si les Israéliens étaient de tels magiciens – et ils le sont en partie parce qu’Israël est l’un des leaders mondiaux en matière d’assainissement et recyclage des eaux – pourquoi serait-ce mal de leur part d’augmenter ainsi leurs propres ressources en eau, sans frais pour leurs frères arabes et la Nature ?

En Judée-Samarie, la seule raison pour laquelle 2.500.000 Arabes pourraient recevoir in fine (notez le mode conditionnel) moins d’eau que les 450.000 Juifs serait la suivante. Une telle chose ne pourrait se produire que si, en plus de ne pas recycler l’eau qu’ils reçoivent de Mekorot, les Arabes palestiniens en perdent encore, d’une manière ou d’une autre, une très grande partie. Et je vous laisse deviner … C’est exactement ce qui se passe. Le réseau des eaux de l’Autorité palestinienne souffre de sous-investissement et des politiques délétères de la partie arabe. À Bethléem, par exemple, le réseau public d’eau est devenu si vieux et défectueux que le taux de fuite atteint 40 % ! Oui, je sais, nous les Juifs sommes terriblement malfaisants.

Les coupures d’eau sont réelles

Malgré la quantité moyenne très raisonnable d’eau douce mise à la disposition des implantations juives et arabes, des pénuries d’eau se produisent pendant la période estivale en raison des conditions environnementales, en particulier lorsque des vagues de chaleur intenses s’abattent sur le pays et que la consommation d’eau augmente fortement. Le journal Haaretz a écrit le 21 juin que « dans la région de Salfit en Cisjordanie et dans trois villages à l’est de Naplouse, des maisons ont été privées d’eau courante pendant plus de deux semaines. Des usines y ont été fermées, des jardins et des pépinières ont été ruinées et des animaux sont morts de soif ou ont été vendus à des paysans hors des zones touchées. Les gens ont dû improviser en tirant l’eau de puits agricoles, en achetant de l’eau minérale ou en payant pour acheminer par camions-citernes de l’eau pour leur usage domestique et pour leur bétail. Mais se fournir en eau de cette façon est extrêmement coûteux. » Contactées par Al Jazeera, les autorités de la ville de Jénine expliquèrent également que « leur approvisionnement en eau avait été divisé par deux. » L’affirmation 1 est donc tout à fait correcte, mais pas l’affirmation 2 de Ayman Rabi de l’ONG Palestinian Hydrology Group qui exagéra la durée de la coupure d’eau par un facteur 2 quand il en parla à Al Jazeera. (Quelqu’un pourrait-il informer Ayman Rabi que gonfler les chiffres n’est pas nécessaire pour intéresser la presse internationale lorsque les Juifs sont impliqués ? La vérité nue suffit largement.) Le fait que Salfit, Naplouse et Jénine sont situées dans le nord de la Samarie (voir la carte ci-dessous) indique que la pénurie d’eau était réelle, grave, mais locale.

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Carte du nord de la Samarie indiquant les villes qui ont connu des coupures d’eau partielles ou totales à cause de la vague de chaleur et de sècheresse. (Données cartographiques : Google, Mapa GIsrael, ORION-ME)

Alors que des responsables de l’Autorité palestinienne avaient déclaré à Haaretz que « l’eau fut coupée pour répondre à la demande en eau des résidences [ndlr : juives] de la région, laquelle est à la hausse à cause de la chaleur » , Uri Schor, le porte-parole de l’Autorité israélienne de gestion des eaux, a rappelé que « les quantités d’eau qu’Israël vend aux Palestiniens dans toute la Cisjordanie, y compris dans la région de Salfit, a augmenté au fil des ans. » Et d’ajouter : « Une pénurie d’eau localisée s’est produite aussi bien pour les Israéliens que pour les Palestiniens dans le nord de la Samarie et elle est due à une hausse de consommation particulièrement forte en raison de la chaleur intense dans la région. » Une autre source israélienne confirma à Haaretz que « les localités juives se plaignent aussi de la pénurie d’eau ». La raison technique de cette pénurie est un point de dispute. Selon Uri Schor,

La pénurie s’est développée parce que l’Autorité palestinienne des eaux refuse d’approuver la construction d’infrastructures supplémentaires en Cisjordanie à la Commission conjointe de gestion des eaux [ndlr : la Commission conjointe de gestion des eaux est le conseil décisionnel mis en place par les accords d’Oslo au sein duquel Israël et l’Autorité palestinienne gèrent ensemble toutes les questions liées à l’eau], ce qui a conduit au maintien de canalisations anciennes et limitées, incapables d’acheminer toute l’eau nécessaire à la région.

Les responsables palestiniens ont contesté cela, mais n’ont pas donné plus d’explication. Au contraire, ils ont commenté la situation en Judée : là, selon eux,

Les canalisations ne nécessitent pas de mise à niveau. USAID, par exemple, vient de terminer le nouveau pipeline à Deir Sha’ar pour desservir la population d’Hébron et Bethléem. Israël doit augmenter le débit de pompage de la station de Deir Sha’ar pour donner leur juste part d’eau à plus d’un demi-million de Palestiniens. Israël, cependant, a présenté un projet visant à augmenter la taille de la canalisation desservant les localités israéliennes dans la zone de Tekoa, et l’Autorité israélienne des eaux fait du chantage à l’Autorité palestinienne pour faire approuver ce projet israélien en échange de l’augmentation du débit d’eau de la station de Deir Sha’ar.

Comme on le voit sur cet exemple, les autorités arabes et juives en Judée et Samarie ne cessent de se parler, mais le dialogue est tendu. En présentant les données de consommation des mois de janvier à mai au cours des quatre dernières années, Uri Schor a aussi montré à Haaretz que les quantités d’eau fournies aux districts de Salfit et Naplouse ont augmenté de 2,7 millions de m³ d’eau en 2013 à 3,48 millions de m³ cette année-ci. Les responsables de l’Autorité palestinienne ne l’ont pas contesté, mais ont fait remarquer que dans certains endroits, une pénurie s’est néanmoins développée. Selon leurs données, cette année l’eau fournie à la ville de Bidya a diminué de 50.470 m³ au mois de mars à 43.440 m³ au mois de mai. Et en mai de l’année dernière, Biddya avait reçu 45.000 m³. Dans le village de Qarawat Bani Hassan en Samarie, la consommation de mai fut supérieure à celle de mars (17.000 m³ par rapport à 15 000 m³), mais la consommation de mai de l’année passée avait atteint 20.000 m³ et responsables de l’Autorité palestinienne n’arrivent pas comprendre comment cela peut se produire autrement que par une baisse de l’offre.

Est-ce que cela a quelque chose à voir avec le Ramadan ?

Parlons finalement de l’affirmation 3, qui est la plus largement répandue par les média et, à mon avis, l’insulte la plus répugnante de toutes parce qu’elle suggère que les autorités israéliennes couperaient l’eau à leurs frères arabes sans autre raison que les humilier pendant le mois du Ramadan. Pourquoi feraient-ils une chose pareille si non par pur racisme ? Oh oui, le monde doit savoir à quel point nous les Juifs sommes maléfiques … Cela n’intéresserait-il donc personne ici-bas d’entendre que l’été est une saison très chaude et sèche dans le Moyen-Orient ? , que l’infrastructure de distribution des eaux des Arabes palestiniens est en très mauvais état (pour de nombreuses raisons que je ne développerai pas ici) ? , que cette pénurie d’eau et les coupures concernent les Arabes et les Juifs sans distinction, comme Uri Schor le porte-parole de l’Autorité israélienne de gestion des eaux l’a expliqué à Haaretz et comme cela fut confirmé à Haaretz par une autre source israélienne ? Cette dernière information fut également donnée directement par la société des eaux Mekorot au site d’observation des média ukmediawatch.org dès le 16 juin. UKmediawatch explique sur son site : « Nous avons envoyé un courriel à Mekorot, qui nous a ensuite confirmé que l’augmentation de la demande pendant les mois d’été a entraîné des pénuries en Cisjordanie, « dans les localités israéliennes comme dans les zones palestiniennes. » Un résident d’une communauté israélienne en Samarie à qui nous avons parlé a confirmé que les pénuries ont effectivement touché les communautés juives. »

Mais ce n’est pas tout ! UKmediawatch a aussi contacté COGAT, l’agence israélienne en charge des affaires civiles et humanitaires en Judée-Samarie. COGAT les a informé que, pour rendre service aux Arabes musulmans de Palestine pendant le Ramadan (quand les musulmans ne boivent pas d’eau pendant la journée), « l’approvisionnement en eau a été augmenté pendant la nuit afin de répondre aux besoins des résidents » et que, dès le début du Ramadan, le 6-7 juin, « l’approvisionnement en eau d’Hébron et de Bethléem [avait été] augmenté [de] 5.000 m³ par jour afin de répondre aux besoins des résidents. » Voyez comme nous sommes malfaisants, nous les Juifs. Impressionnant, non ?

Calomnier les Juifs n’est jamais une mauvaise tactique en politique

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi tant de canards sur Israël atteignent (et sont publiés par) les média traditionnels ? Nous savons tous pourquoi ils sont publiés : parce que les règles élémentaires en matière de vérification des informations sont négligées de nos jours. Les Israéliens sont les méchants, les Arabes palestiniens sont les gentils : simple non ? Quand une information corrobore ce schéma, elle passe le filtre et paraît dans la presse. Voilà pourquoi ces canards sont publiés. Mais comment atteignent-ils la presse en tout premier lieu ? D’où viennent-ils ? Souvent, ils sont forgés et offerts à la presse par les responsables de l’Autorité palestinienne eux-mêmes, parfois anonymement comme dans le cas de l’affaire de la « rupture de canalisation », parfois ouvertement. Il y a un énorme gain politique à dépeindre les Israéliens comme le peuple le plus maléfique du Monde. Des mots tels que « apartheid » et « génocide » ne sont pas employés en vain. Il y a une bonne dose de réflexion derrière ce qui peut paraître comme de grossières exagérations. Plus les Israéliens sont dépeints comme malveillants et malfaisants, plus les Arabes palestiniens sont perçus comme vertueux et sans reproche malgré leur usage ininterrompu du terrorisme (terrorisme « des couteaux » à Jérusalem et Tel-Aviv, roquettes à partir de Gaza, attaque à l’arme automatique à Tel-Aviv, …), malgré qu’ils enseignent la haine des Juifs dans les écoles et que l’Autorité palestinienne incite elle-même au meurtre des Juifs et malgré la corruption de cette même Autorité palestinienne et l’inefficacité de son administration. La victimisation fonctionne toujours à merveille.

À peine neuf jours après le canard de la « rupture de canalisation », le Président de l’Autorité palestinienne s’adressait au Parlement de l’Union européenne. Lors de son discours, Mahmoud Abbas n’a pas hésité à calomnier les Israéliens devant l’ensemble des parlementaires en déclarant que des rabbins avaient demandé au gouvernement israélien d’empoisonner l’eau des Arabes palestiniens. Cette histoire est aussi un canard, un canard qui est apparu le 16 juin 2016 sur le site web d’une agence de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Bureau national pour la défense la terre et la résistance aux implantations [ndlr: juives]. Trois jours plus tard, le 19 juin, l’Autorité palestinienne décida de lâcher le palmipède dans la nature. Il fut accepté pour publication dans The Gulf News, un quotidien de Dubaï et dans Anadolu, l’agence de presse de l’État turc. Rondement joué ! Voici comment Anadolu narre cette histoire :

L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a dénoncé comme « ordre de tuer » l’autorisation donnée par un rabbin juif à des colons d’empoisonner des sources d’eau dans les zones palestiniennes de Cisjordanie occupée. Rabbi Shlomo Mlma, Président du Conseil des rabbins dans les implantations de Cisjordanie, a émis un avis consultatif dans lequel il autorise les colons juifs à empoisonner l’eau des villages palestiniens et villes de Cisjordanie. Selon l’organisation anti-occupation israélienne « Breaking the Silence », l’appel à empoisonner l’eau palestinienne a pour objectif de pousser les Palestiniens à quitter leurs villages et permettre à des colons de prendre leurs terres. « Ceci est une incitation et un appel à tuer les Palestiniens », a déclaré Wasil Abou Youssef, membre du Comité exécutif de l’OLP, à l’Agence Anadolu ce dimanche. Il a dit que ces opinions exprimées par des rabbins juifs « prouvent qu’Israël n’est pas un vrai partenaire de paix. »

Cette fausse information a été immédiatement relayée par le Ministère palestinien des Affaires étrangères pour lui donner plus de crédit et ajouter une touche dramatique supplémentaire ( « crime contre l’Humanité » ) à l’histoire :

Alors qu’Israël continue de poser de multiples restrictions aux Palestiniens qui cherchent à creuser des puits d’eau, cet appel du rabbin Mlmad est considéré comme un crime contre l’humanité parce qu’il cible les humains, les animaux, les cultures et toute forme de vie dans les territoires palestiniens occupés. Le ministère tient le gouvernement israélien entièrement responsable des conséquences de ces appels. Il exige l’arrestation du rabbin pour incitation au meurtre et la mise en œuvre des procédures nécessaires pour protéger les Palestiniens des individus qui tenteraient d’empoisonner des sources d’eau. « Qu’est-ce que la communauté internationale attend pour interférer; que des milliers de Palestiniens meurent de soif ? Répondre à un tel incident par le silence et ignorer la guerre qu’Israël mène contre les Palestiniens porte la honte sur la communauté internationale. »

Dr. Bassem Naim, l’ancien Ministre de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza de 2007 à 2009, s’est également jeté cœur et âme dans la bataille pour donner à cette histoire autant de crédit que possible en révélant au monde le visage hideux du vicieux Rabbi Shlomo Mlma(d) (qui s’avère être le visage de Yisrael Eichler, un député israélien affilié à Yahadut Hatora HaMeuhedet, un petit parti ultra-orthodoxe, qui n’a rien à voir avec le canard). Le 20 juin 2016, ces nouvelles angoissantes paraissaient à la télévision officielle de l’Autorité palestinienne et sur Al-Manar, la chaîne d’information TV du Hezbollah. Quand il s’agit de répandre la haine du Juif, nous pouvons compter sur une parfaite coopération entre l’OLP, le Hamas et le Hezbollah.

Le canard fut rapidement repéré par le site pro-israélien Palestinian Media Watch qui publia, dès le 21 juin, une mise à nu remarquable de toute cette histoire : non seulement le rabbin Shlomo Mlma(d) n’existe pas, mais l’organisation à laquelle il appartient prétendument (le Conseil des rabbins dans les implantations de Cisjordanie) n’existe pas non plus. Le canard était basé sur une déclaration de Yehuda Shaul, un des leaders de l’ONG d’extrême gauche anti-israélienne Breaking the Silence, qui avait raconté à un public de visiteurs étrangers, lors une conférence privée, que des « colons » avaient, il y a plusieurs années de cela, « empoisonné » l’eau d’une ville arabe pour forcer ses habitants à partir. Après la révélation que l’ONG Breaking the Silence était à l’origine de la calomnie des « puits empoisonnés » exploitée par l’OLP, son porte-parole assura au Jerusalem Post « qu’il n’était au courant d’aucun témoignage d’empoisonnement d’eau. »

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Mahmoud Abbas au Parlement européen recevant une standing ovation après son discours. (Crédit: Frédérick Moulin – EU2016 – European Parliament)

Mahmoud Abbas au Parlement européen recevant une standing ovation après son discours. (Crédit: Frédérick Moulin – EU2016 – European Parliament)

Mais le plumage du canard ne dissuada nullement Mahmoud Abbas de venir répéter le même mensonge devant le Parlement européen deux jours plus tard, le 23 juin 2016. Franchement, il aurait eu tort de se priver car personne ne broncha en l’entendant proférer des accusations ressemblant comme deux gouttes d’eau aux vieilles légendes antisémites au nom desquelles des Juifs européens furent massacrés en masse à l’époque médiévale. Dans leurs reportages sur son discours européen, aussi bien le New York Times que Reuters accusèrent Mahmoud Abbas de réitérer une calomnie forgée par sa propre organisation et notoirement déboulonnée. Le New York Times a également mis en avant que « les rumeurs [selon lesquelles] les Juifs avaient empoisonné des puits et autres sources d’eau naquirent au 14ème siècle quand la peste bubonique ravageait une grande partie de l’Europe. Ces rumeurs conduisirent à la destruction de dizaines de communautés juives. A Bâle en Suisse et à Strasbourg en France, des centaines de Juifs furent brûlés vifs. » Mais au Parlement de l’Union européenne, calomnier de rabbins juifs et Israël elle-même comme État (le canard des « puits empoisonnés » n’était pas le seul mensonge du discours de Mahmoud Abbas) lui valut une « standing ovation » de la part des députés de l’UE, y compris des dirigeants européens les plus importants : Martin Schulz, Federica Mogherini et Guy Verhofstadt.

La RTBF, The Independent et The International Business Times ont omis de parler du discours Mahmoud Abbas. Mais Al Jazeera l’a fait.

Face au tollé international provoqué par ses commentaires diffamatoires à Bruxelles, Mahmoud Abbas fut contraint de se rétracter deux jours plus tard, comme le rapportent l’Associated Press, Reuters et Al Jazeera. Mais cela ne pourrait pas nuire à son prestige. N’est-il pas le leader du peuple le plus opprimé de la Terre, opposé aux créatures les plus démoniaques, nous les Juifs ? Mais comme vous le savez probablement, un mensonge ne s’efface jamais totalement et, quand il s’agit de nous les Juifs, il se voit même accordé une vie éternelle. Ainsi donc le mensonge des « puits empoisonnés » de Mahmoud Abbas a rapidement trouvé sa juste place dans les publications de l’extrême gauche, de l’extrême droite, sur les sites islamiques, chez les théoriciens du complot et les antisémites (par exemple, les sites francophones Halalbook.fr, Oumma.com, Fdebranche.com, etc.). Notez que ces publications ne sont apparues qu’après le discours de Mahmoud Abbas.

Haïr les Juifs pour réussir en politique : ça marche !

L’étendue de la diffamation d’Israël et de la haine du Juif que les dirigeants arabes palestiniens répandent dans les instances internationales et le gain politique qu’ils retirent de cette conduite devrait inspirer tous les hommes politiques d’Europe occidentale qui souhaitent donner un coup d’accélérateur à leur carrière. Je le dit avec ironie. Nous les Juifs sommes des gens sûrs de nous-mêmes, nous ne souffrons pas de la haine des autres et nous avons maintenant un État assez fort pour défendre nos vies dans le cas (probable) où toute cette diffamation allume une fois de plus le feu d’une guerre d’extermination contre nous. Nous sommes prêts. Un lecteur non européen pourrait se demander de quelle manière quelqu’un qui ne serait ni un dirigeant de l’OLP ni un dirigeant du Hamas pourrait tirer profit de déverser des mensonges sur Israël. Permettez-moi de vous l’expliquer en deux mots.

En Belgique, nous avons une assez grande population musulmane (7 %), principalement originaire du Maroc et de la Turquie, avec des centres de grande population musulmane à Bruxelles (31 %), Anvers (18,8 %), Liège (17,7 %) et Charleroi (16,3 %). Dans certaines communes de Bruxelles, la population musulmane est encore plus nombreuse : Molenbeek (41,2 %), Saint-Josse (45 %). Au cours des dernières années, cette population est devenue de plus en plus religieuse et radicale sous l’influence des Frères musulmans (qui ont sérieusement pris racine en Belgique) et du salafisme d’inspiration saoudienne. Bien-sûr, de nombreux musulmans sont des gens très gentils et charmants, mais les proportions deviennent alarmantes. Comme le montrent des études menées en Europe, les attitudes antisémites sont particulièrement fortes parmi les musulmans croyants et pratiquants. Elles se corrèlent aux interprétations autoritaires et fondamentalistes de l’islam. En particulier, au sein des musulmans d’origine marocaine et turque, on constate que le fondamentalisme islamique est largement répandu : « Deux tiers des musulmans interrogés ont déclaré que les règles religieuses sont plus importantes pour eux que les lois du pays dans lequel ils vivent. Trois quarts ont dit qu’il n’y a qu’une seule interprétation légitime du Coran. Près de 60 % des sondés musulmans excluent d’avoir des homosexuels comme des amis ; 45 % pensent qu’on ne peut pas faire confiance aux Juifs ; et un groupe tout aussi important est d’avis que l’Occident est occupé à détruire l’islam. » La même tendance a également été constatée dans une étude sur la jeunesse belge (flamande), corroborant le fait que beaucoup de jeunes musulmans ont des vues très négatives sur les Juifs et les homosexuels.

Pas besoin de creuser beaucoup plus pour comprendre que la haine d’Israël est encore plus répandue que l’antisémitisme pur et le radicalisme islamique. Dans un tel contexte, tout politicien qui s’appuie sur le vote musulman – que ce soit pour sa propre carrière ou pour le succès de son parti – a intérêt à se montrer sous un jour offensivement anti-israélien. Telle est la règle du jeu et elle est tout à fait compréhensible. Éthique et la politique sont deux choses très différentes ; vous ne devez expliquer cela aux êtres les plus malfaisants de la Terre, nous les Juifs entendons le message. Nous comprenons très bien et ne sommes pas blessés. N’est-ce pas ?

Lorsque la calomnie de la « rupture de canalisation » est parue, j’ai été très impressionné par l’habileté tactique d’une jeune députée socialiste belge nommée Gwenaëlle Grovenius. Elle n’a que 38 ans, mais déjà promue à un grand avenir. Elle a compris la règle du jeu. Un jour à peine après la (toute première) publication du canard sur le site Al Jazeera, elle se tenait déjà au Parlement belge, accusant Israël d’ « apartheid de l’eau » devant tous les députés. « L’eau, dit-elle, est monopolisée par les autorités israéliennes » et a appelé la Belgique à agir sur le champ. Sa question au ministre des Affaires étrangères fut largement diffusée sur les réseaux sociaux, par elle-même et par le Parti socialiste belge (PS), voir les captures d’écran ci-dessous.

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La députée Gwenaëlle Grovonius diffusant sa calomnie anti-Israélienne sur les réseaux sociaux. À gauche : sur sa page Facebook. À droite : sur son blog.

Sur les réseaux sociaux, elle alla même un cran plus loin en ajoutant « qu’Israël viole le droit international », mais omis de rendre publique la réponse du Ministre des Affaires étrangères Didier Reynders à ses allégations au Parlement, lequel avait pourtant nié qu’il y avait la moindre preuve que la coupure d’eau fût délibérée. Didier Reynders dit ceci :

La presse internationale confirme une diminution de pression et de quantité d’eau livrée dans certains villages, où le climat est tel qu’il entraîne de très graves problèmes en ces circonstances. Cependant, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de déclaration formelle émanant des autorités palestiniennes. Il est donc très difficile de confirmer que ce que vous évoquez correspond à un geste délibéré de coupure d’accès à l’eau. Les contacts ont été pris entre les services d’approvisionnement israéliens et palestiniens.

De quelle manière une rupture de canalisation peut constituer une violation du droit international est un problème qui n’a pas encore été résolu, mais nos plus brillants juristes y travaillent.

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Le Parti socialiste belge (PS) diffusant la calomnie anti-Israélienne de la députée Gwenaëlle Grovonius sur Facebook (à gauche) et sur Twitter (à droite).

Suite à cette sortie anti-israélienne, la notoriété de la jeune députée belge crût en flèche. La vidéo montrant sa prestation au Parlement fut partagée plus de 400.000 fois sur Youtube ! Quel beau succès ! Quelle claque à Israël, quelle gifle, vraiment ! Bien joué ! La communauté anti-juive était absolument ravie. Et nous les Juifs aussi bien-sûr parce que nous sommes toujours heureux quand les gens parlent de nous, n’est-ce pas ? L’image suivante montre quelques exemples de messages enthousiastes laissés par les partisans et les amis de Mme Grovonius sur sa page Facebook.

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Commentaires laissés par les partisants de la députée Gwenaëlle Grovonius sur sa page Facebook page.

Voici quelques extraits (expressions, grammaire et graphies d’origine) :

  • « elle aurait dû faire une quenelle plénière » (En référence au salut nazi inversé « quenelle » popularisé par l’humoriste antisémite français Dieudonné et exécuté précédemment au parlement par le député d’extrême droite Laurent Louis.)
  • « Quel couragee une des rares a s’opposer a ces barbares du gouvernement sioniste !! »
  • « Vous pensez sérieusement que les sionistes vont écouter ??? Cela va faire 60 ans que c est comme cela … Ils menacent, assassinent.. Le cancer du monde !!! »
  • « Bravo ces bien de denoncer mais a quand une coalition mondiale pour aller combattre les sionistes ? Les grande monarchie arabes ou été vous? »
  • « Malheureusement Madame notre très cher premier ministre n’en a que faire du sort des palestiniens. Il se fou déjà du sort des habitants de «son» propre pays. Ils dansent tous avec le diable et sont les vedettes d’un spectacle de marionnettes grandeur mondiale. Cette mascarade dure depuis des années, Israhell l’intouchable, Israhell l’enfant gâté. Ce qu’Israhell veut, Israhell le prend. Après ça, nos dirigeants s’étonnent que les gens aient de la haine envers eux. Ils sont les complices d’un bourreau atteint du syndrome de Stockholm. Hitler a de la concurrence. »
  • « Israël est l’Etat le plus raciste du monde »
  • « Il n’y a que les sionistes israhelliens pour oser couper l’eau à des musulmans en plein mois sacré du Ramadan. Et dire que l’Occident massonnique présente cette entité scélérate comme une démocratie humaniste qui illumine le monde de ses bienfaits et de sa Lumière… Comment font-ils pour oser de telles sottises sans rougir et être terrassés par la honte ? »
  • « Elle n’a pas peur de diable »
  • « – Ces faciles, ils [ndlr: les politiciens] ont peur du diable. – Llo. Ils ont plutot peur du gouvernement Juif qui semble avoir une très forte influance dans le monde … »
  • « le peuple palestinien à droit de vivre chez eux comme tout citoyen mais le gouvernement israélien fait tout pour détruire leur vie pars les bombardement kidnapping d enfants, le blocus , la coupure d eau c’est pas loyal en 2016.bravo à vous pour votre courage bientôt 1 ministre »
  • « Cette prise de position peut etre dangereuse on le sait tous,respect pour votre courage »
  • « Quel courage ! Faut arrêter l’exploitation des diamants par ces sionistes en Outre-Quievrain. » (Ici « Outre-Quievrain » signifie en Belgique, le commentaire ayant probablement été rédigé par un(e) Français(e). La ville d’Anvers est réputée pour l’industrie du diamant qui fut longtemps dominée par la communauté juive de la ville. Aujourd’hui, ce commerce est principalement aux mains de la communauté indienne.)
  • « Bravo et merci d’avoir dénoncé ce que beaucoup d’homme ne sont pas capables de faire. Le but d’Israël est clair. Ce pays se disant la meilleur « démocratie » du monde veut exterminer les palestiniens par tous les moyens. Des ordures de colons !!! »
  • « Je suis triste pour mes frères palestiniens et en colère. Non seulement ils sont spoliés de leur terre et maintenant ça. Hitler ça n’a pas servi d’exemple, loin de là. »

Ces commentaires très aimables – et bien d’autres encore – ont décoré la page Facebook de Mme Grovonius pendant plus de quatre jours jusqu’à ce que la communauté juive de Belgique s’en plaigne par la voix du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB) et il a fallu encore deux jours supplémentaires (le 21 juin) au PS pour supprimer les mensonges de la députée Grovonius de tous ses média officiels, y compris de la page de la Facebook de la députée. À la suite de l’affaire, le PS a publié la déclaration suivante :

Suite au déferlement de propos haineux, racistes et antisémites, nous avons décidé de supprimer toute référence sur notre site à la question d’actualité sur les coupures d’eau en Cisjordanie. Ceci ne remet pas en cause notre condamnation de la colonisation et des politiques menées dans les territoires occupés par le Gouvernement israélien, qui ne respectent pas le droit international. Le Groupe PS plaide pour la solution à deux États mutuellement reconnus et condamne fermement tout acte de violence. La question de l’accès à l’eau en Cisjordanie est une question cruciale, qui, pour rappel, est au centre des préoccupations internationales. C’est pour l’examiner sereinement, à l’abri des propos haineux, racistes et antisémites, et sur base d’informations recoupées que nous avons décidé de supprimer toute référence à la question d’actualité sur les coupures d’eau en Cisjordanie.

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Capture d’écran du communiqué du Parti socialiste belge (PS) après le scandal de l’affaire Grovonius tel qu’il parut le 21 juin 2016 sur la page web du groupe PS à la Chambre des représentants.

Qu’à cela ne tienne, la popularité de la page Facebook de la député Gwenaëlle Grovonius a augmenté de 56,2 % en une seule semaine ! Et tout cela grâce à nous les Juifs. Nous sommes tellement heureux pour Mme Grovonius ! Et nous sommes également très reconnaissants envers le PS de toujours garder son œil sévère, mais « impartial » sur nous les Juifs afin de nous éviter d’agir selon nos mauvaises manières habituelles envers nos frères arabes en Judée-Samarie. Nous sommes heureux de savoir que, pour vous, nos problèmes de gestion des eaux seront toujours aussi centraux et prioritaires que la guerre en Syrie, la crise des réfugiés au Moyen-Orient et en Europe, la situation en Érythrée ou même la montée de l’extrême droite en Europe et l’éclatement de plus en plus probable de cette dernière. Nous avons vos faveurs et nous chérissons cela.

Nous les Juifs savons combien ce que nous devons au Parti socialiste belge. Beaucoup de ses membres sont des acteurs clés dans la galaxie des organisations diabolisant les Juifs de Palestine au profit des Arabes de Palestine, et pas seulement Mme Gwenaëlle Grovonius qui porte le keffieh à toute occasion (même quand elle fait campagne contre l’accord de libre-échange avec les États-Unis – une autre nation très détestable – ou quand elle discute de l’avenir du rail belge), appelle à la nomination du chef terroriste Marwan Barghouti pour le Prix Nobel de la paix, soutient le mouvement antisémite BDS et publie des images comparant hideusement le massacre de Sabra et Chatila (762 à 3.500 civils musulmans tués par Phalanges chrétiennes dans les suites de l’intervention d’Israël dans la guerre civile libanaise en 1982) et la Shoah (voir les photos ci-dessous) ! Elle n’est clairement pas la seule. Nous devons nous sentir redevable envers le Parti Socialiste de Belgique et ses dirigeants pour sa longue tradition anti-israélienne et sa tolérance à la haine des Juifs. Tel est le prix qu’ils payent pour tourner certaines élections à leur avantage. Et nous ? Nous faisons les manchettes de la presse quand elle s’engouffre dans le discours anti-israélien doctrinaire véhiculé par le PS … entre autres. N’est-ce pas une situation gagnant-gagnant ?

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Porter le keffiyeh est devenu une façon d’importer le conflit arabo-israélien dans chaque segment de l’activité politique.
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Gwenaëlle Grovonius soutient le mouvement antisémite BDS qui diffuse des mensonges sur Israel et appelle à un boycott indiscriminé de tous les citoyens israéliens. (Crédit: M. De Ly, Pour la Palestine)
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La député Gwenaëlle Grovonius publie une image comparant le massacre de Sabra and Chatila à la Shoah.

Si vous me permettez de conclure de manière caustique, je conseillerais au Parti socialiste de ne surtout pas sanctionner Gwenaëlle Grovonius pour son fanatisme raciste persistant ni même dénoncer sa mauvaise conduite. Je souhaiterais qu’il comprenne que lutter contre l’antisémitisme dans ses rangs, comme le Parti travailliste britannique fut contraint de le faire depuis que Jeremy Corbyn a pris ses fonctions, ne fera que les affaiblir et sapera leur potentiel électoral. Qui peut croire que l’exclusion de courageux membres du parti qui s’en prennent si justement à nous les Juifs aidera à gagner les élections ou à être populaire ? Qui peut penser que procéder à une enquête interne sur l’antisémitisme des mandataires PS n’aliénerait pas un grand nombre de supporters ? Regardez encore l’exemple du Parti travailliste britannique. Ils ont lancé une telle enquête et en ont confié la direction à la célèbre militante des Droits de l’Homme Shami Chakrabarti. Il était plus que temps de le faire après la suspension d’une série de membres importants pour cause de propos anti-israéliens et anti-Juifs. Parmi les membres suspendus se trouvaient l’ancien maire de Londres, Ken Livingstone, qui avait déclaré qu’Hitler avait soutenu le sionisme, et aussi la députée Naz Shah, qui avait appelé à « relocaliser » Israël aux États-Unis dans une publication sur Facebook et avait tweeté un lien vers un blog expliquant que le sionisme était utilisé pour « préparer » les Juifs à « exercer une influence politique au plus haut niveau de la fonction publique ». Pensez-vous que cela leur a été bénéfique ? Bien-sûr que non ! Le Parti travailliste est maintenant au bord de la désintégration. Certes, ils pourraient essayer de tenir les Juifs pour responsables du sort de leur parti et prétendre que ces Juifs malfaisants ont conspiré contre le Parti travailliste avec l’aide des média, mais ne croyez pas que cela les sauverait.

Regardons la triste vérité en face. Si le Parti socialiste excluait Gwenaëlle Grovonius et tous ses autres membres « antisionistes » (Jamal Ikazban, Pierre Galand, André Flahaut, Karine Lalieux, etc.), il ne ferait que se saborder et rien de bon ne sortirait de tout cela. Par conséquent, je conjure le Parti socialiste de ne pas s’engager sur cette voie : ne placez pas l’éthique devant la stratégie politique. Votre intérêt électoral doit primer ! Autrement, vous agiriez comme le font les gens honnêtes et vos compagnons d’aujourd’hui vous le reprocheraient. Vous seriez étiquetés comme « sionistes » et, … eh bien … regardez l’État d’Israël, regardez combien il est haï.

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